Les outils ne vous sauveront pas - Épisode 2 by Thomas Dutrieux de L'École du Recrutement
Accrochez vos ceintures ! Jean-Michel Talent signe son grand retour. Cette fois-ci, il est allé à la rencontre de 7 expertes et experts de L'École du Recrutement. Pour cette sixième série, notre duo de choc ne passe pas par 4 chemins, on casse les idées préconçues et on reprend les bases.
Episode 2 : Les outils ne vous sauveront pas avec Thomas Dutrieux. On y va ?
Imaginez un monde où les outils recrutent à votre place. Tout se déroule comme dans un rêve. Ils se chargent d’analyser les CVs, de ne sélectionner que des candidat·es parfait·es, de faire passer les entretiens, et gèrent même les négociations salariales. Tout ce que vous avez à faire, c’est de valider le choix final depuis votre transat, cocktail à la main. Allez hop, il est temps de sortir des bras de Morphée. C’est totalement utopique. Ça n’existe pas, ça n’existera jamais et je vous explique pourquoi !
Trop d’outils tue l’outil !
Bon, soyons clairs... je n’ai rien contre les outils. Je suis même le premier à en utiliser dans mon boulot, et ils me rendent bien service !
Mais voilà, j’ai aussi vécu des situations dans mes précédentes expériences professionnelles qui m’ont fait réfléchir. Avant de rejoindre L’École du Recrutement en 2018 (LEDR pour les intimes), j’ai endossé la casquette de Sales pendant 5 ans pour vendre des espaces dédiés à la marque employeur, des profilthèques, des annonces… Ma mission principale était de m'assurer que nos solutions soient bien utilisées, et je mettais tout en œuvre pour que nos partenaires soient satisfaits et continuent de travailler avec nous l’année suivante.
À première vue, c'est assez simple. Mais en réalité, c’était bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Pourquoi ?
Parce que mes clients cumulaient tellement d'outils différents qu’ils ne savaient plus où donner de la tête. Ils avaient tellement d’options qu’il leur était impossible d’exploiter toutes les plateformes. Par manque de bande passante, ils finissaient donc par privilégier certaines plateformes au détriment des autres.
Cependant, chaque fin d’année, je voyais ces mêmes clients renouveler leurs adhésions à des solutions sous-utilisées, voire même pas du tout exploitées. Surprenant hein ?
Je ne leur jette pas la pierre, c’est humain de vouloir offrir un maximum de moyens à ses équipes pour bien faire le job. Et puis, il faut dire qu’à l’époque les KPI étaient peu analysés et que le rôle de RecOps était aussi démocratisé que l’affichage du salaire dans les annonces … Difficile donc d’avoir une vision claire sur l’efficacité réelle de chaque outil. Du coup, on va à la facilité et on reprend tout. Et pourtant, les problèmes de recrutement persistent encore et toujours...
C’est là que j’ai compris que le souci n’était pas uniquement lié aux outils eux-mêmes, mais plutôt à l’approche globale. En vérité, il n’est pas question d’avoir le bon outil ou un maximum d’entre eux. Mais plutôt de savoir comment les mettre au profit de son recrutement. C’est cette prise de conscience qui m’a permis d’identifier que les maux des recruteurs.euses étaient plus profonds.
Parce que recruter, ce n’est pas simplement une question d’outils. C’est avant tout une question de méthodes.
Pourquoi les outils ne vous sauveront pas ?
Cette croyance vient du fait qu’un outil, aussi performant soit-il, reste un support et non une solution autonome. C’est une extension de vous-même, il ne va donc pas se transformer en Super Recruteur.euse.
Mais ça a du bon aussi, car si les outils ne vous sauveront pas, ils ne vous remplaceront pas non plus ! L’analogie peut être faite avec un tas de domaines, mais mon préféré reste celui de la cuisine (épicurisme quand vous nous tenez). On n’a jamais vu un Thermomix à la tête d’une brigade de Palace !
Ce robot peut vous aider à couper, mélanger, mijoter … mais il ne remplacera jamais la main du chef qui sait rectifier un assaisonnement, ajuster une cuisson ou improviser une recette en fonction des ingrédients qu'il a sous la main.
Pour devenir Chef, il vous faut une formation solide et beaucoup de pratique. C’est cette expertise qui permet de transformer des ingrédients bruts en un plat raffiné. Et bien dans le recrutement, c’est pareil.Jusqu’à preuve du contraire, on n’a jamais vu un outil appeler un candidat pour lui faire un feedback, définir des critères ni même monter un process de recrutement.
Prenons l’exemple d’un ATS basique. Il est clair qu’au quotidien il serait difficile de s’en passer car il apporte un confort non négligeable et il accomplit une multitude de tâches comme centraliser les candidatures, diffuser vos offres, gérer votre vivier (oui oui, je parle de ce cimetière à candidats que vous laisser en jachère depuis un bail …).
En revanche, il ne pourra pas assurer les actions fondamentales comme le brief avec votre client (interne ou externe), les évaluations ou les feedbacks personnalisés. La technologie nous permet de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée.
Et si ce ne sont pas les outils, pourquoi pas l’IA ?
Ces dernières années, on nous a promis que l’intelligence artificielle allait révolutionner le recrutement. Entre le Big Data, le Métaverse et plus récemment l’IA Générative, beaucoup ont cru que les recruteurs.euses allaient bientôt être remplacé·es par des robots.
Toujours pas …. vous l’avez compris, c’est notre fil rouge 😉
C’est vrai que l’idée d’automatiser certains processus et de générer du contenu a de quoi séduire. Mais, soyons clairs, au même titre que les outils, l’IA ne remplace pas l’humain. Pourquoi ?
Parce que Chat GPT n'est pas (encore) omniscient
C'est comme votre Thermomix, il a besoin de vous pour le guider, ajuster et goûter afin que le rendu ne soit pas indigeste. Pourtant, depuis quelques mois chez LEDR, on reçoit une avalanche de demandes de formation à Chat GPT.
Comme si tout le monde n’avait plus que ça à l’esprit ! Le problème c’est que si vous vous formez à Chat GPT alors que vous ne maîtrisez pas les sujets sur lesquels vous allez l’attendre, les directives que vous allez lui donner vont manquer de contexte et votre résultat sera décevant. C’est comme quand vous donner une mission à une toute nouvelle recrue. Si les consignes ne sont pas assez claires, ne vous attendez pas à avoir un rendu convaincant.
La preuve par l'exemple
Vous chargez Chat GPT de vous aider à mettre en place l’entretien structuré dans votre process. Dans la mesure où vous ne connaissez pas la méthode des incidents critiques, que vous ne savez pas distinguer une question comportementale d’une question situationelle ou que vous n’avez jamais entendu parler de l’échelle BARS … ça ne vous mènera nulle part. Ou même pire, à quelque chose de médiocre.
C'est en forgeant qu'on devient forgeron
Chat GPT est une IA générative qui se base sur les données d'entraînement qu'elle a récolté notamment sur le web. Il va avoir tendance à reproduire la moyenne de ce qu'il connaît. Donc un contenu plutôt banal. Si vous voulez obtenir un contenu qualitatif, il est impératif de le nourrir avec des nouvelles recettes chaque jour. En d’autres termes, commencez par muscler vos connaissances et vos pratiques en recrutement, puis vous vous apercevrez que vos outils et l’IA deviendront vos meilleurs alliés.
Le chef d’orchestre c’est vous, les outils sont vos instruments
En résumé, les outils, c'est pratique, mais ça ne remplacera jamais votre expertise. Si vous n'avez pas la méthode et la stratégie qui vont avec, votre résultat ne sera pas à la hauteur de vos attentes.
L'outil ultime est une chimère et par définition, il n’existe pas.
C'est pourquoi il est crucial de vous former aux bonnes pratiques du recrutement. Cette base solide vous permettra d'utiliser les outils efficacement, et d'en tirer le meilleur parti.
Le recrutement est encore trop souvent considéré comme une discipline qu’on maîtrise avec du feeling, de l’expérience et de bons outils.
On ne le répètera jamais assez, mais le doigt mouillé n’a pas sa place dans le métier, l’expérience n’a jamais fait l’expertise et à ce qu’il paraît, les outils ne vous sauveront pas.
Investissez dans votre montée en compétences, musclez vos connaissances et votre pratique, et vous verrez que les outils, loin de vous remplacer, deviendront de véritables alliés pour atteindre vos objectifs.
Après tout recruter, c'est avant tout votre job, pas celui de vos outils !
Cet épisode vous a plu ? On en a 5 autres en stock ! Rendez-vous le 31 octobre avec Tania Ocana pour parler de ce qui fait d'un brief, un bon brief . En attendant, vous pouvez me retrouver sur LinkedIn.