J’étais ravi en faisant mes recherches pour cet épisode de découvrir que Laetitia Vitaud avait fait un article dans ce sens l'année dernière.
Elle cite un article de la Harvard Business Review dans lequel on peut lire : “Un nombre croissant de preuves attestent que les salarié·e·s, quel que soit leur âge, présentent davantage de similitudes que de différences dans leurs attitudes et leurs valeurs.”
Je suis aussi tombé par hasard sur une étude d’Asana (2022) où il n’y a aucune cohérence entre les générations dans les réponses. Et quand il y a des différences, c’est minime.
Il y a 2 problèmes majeurs avec le fait de vouloir à tout prix comparer les générations :
1️⃣ L’accélération de la perception du temps, notamment via le digital
Alerte lieu commun : Le digital est entré dans nos vies. Ce que Michel Serres appelle dans petite poucette la “troisième révolution anthropologique majeure de l’humanité” est là. Vous lisez peut-être même cette newsletter avec le pouce pour défiler (d'où ce titre, petite poucette, hé bien vu pour un membre de la silent génération, avant les boomers !!!)
D’un artiste à l’autre, Orelsan chante dans “San” : “Les temps changent, les gens changent. Mais j'm'ennuie vite, j'aime le changement."
Et le temps passe vite ! À tel point que les cohortes générationnelles sont de plus en plus courtes. On était à 20 ans pour les Boomers et les X. On est à 15 pour les Y et un peu moins pour les Z et demain la génération Alpha !
On est donc passé de cohortes volumiques, cohérentes et qui faisaient sens à des plus petites qui s'enchaînent beaucoup plus rapidement. Et c’est le deuxième problème.
2️⃣ La comparaison de groupes qui ne sont pas forcément comparables
Dans toutes les études générationnelles, on compare les générations entre elles mais on ne regarde pas les différences au sein d’une même génération.
• On appelle ça la comparaison “Within and Between” quand on compare à la fois à l’intérieur de chaque bloc et entre les blocs.
• On compare entre les générations mais on ne regarde pas au sein d’une même génération !
• On ne parle pas des jeunes qui galèrent à trouver un job contre ceux qui sont payés 45K sortis de grandes écoles.
• On ne parle pas des étudiants qui ont subi de plein fouet le confinement et qui expliquerait peut-être plus la déprime chez les étudiants aujourd’hui plus que le fait d’être “Cajolé” (Trop cajolée, la génération Z est déprimée - Les échos 2021)
Ah et je glisse par là au passage une méta-analyse (donc une analyse d’analyses sur un même sujet) qui nous dit en conclusion : “Les résultats suggèrent que des différences significatives entre les générations n'existent probablement pas sur les variables liées au travail que nous avons examinées et que les différences qui semblent exister sont probablement attribuables à des facteurs autres que l'appartenance à une génération. Compte tenu de ces résultats, les interventions organisationnelles ciblées sur les différences générationnelles pourraient ne pas être efficaces.”